Le 27 mai dernier, Le CREGÉS a présenté son colloque annuel intitulé Agir sur la marginalisation des personnes âgées : Des savoirs à l’action. Cet événement interdisciplinaire a présenté les résultats de recherche de trois actions concertées du CREGÉS qui abordent les questions d’exclusion et de marginalisation à l’égard des personnes aînées.
Cette page Web vous donnera accès aux enregistrements des causeries, de la performance et des conférences présentées lors du colloque. Vous aurez également accès aux infographies et notes de politiques résumant les trois projets de recherche, créées par trois membres étudiantes du CREGÉS : Katarzyna Skorek, étudiante sous la supervision d’Hélène Carbonneau, Sarah Thompson, professionnelle de recherche du projet Les actions gouvernementales au Québec : impacts sur des personnes aînées marginalisées ou vivant des dynamiques d’exclusion sociale, et Sophie Koestner, étudiante sous la supervision de Shari Brotman.
Les trois projets ont été présentés par les chercheur(e)s principaux(ales) :
Dirigé par Shari Brotman, professeure à l’Université McGill
Dirigé par Hélène Carbonneau, professeure à l’Université du Québec à Trois-Rivières
Dirigé par Patrik Marier, directeur scientifique du CREGÉS et professeur à l’Université Concordia et Meghan Joy, professeure à l’Université Concordia
Causeries
En matinée, Eugénie Émond, journaliste spécialisée en gérontologie sociale, assurait l’animation de causeries avec plusieurs membres des trois équipes de recherche.
« De ce que je comprends après 10 ans en recherche narrative intersectionnelle, c’est que lorsqu’on parle de marginalisation, on parle toujours des défis de cette population. Mais quand on parle aux personnes, elles nous parlent de leurs forces, leurs activités, leurs fiertés. On parle seulement de leurs problèmes et pas de leurs forces, de leur résilience, et c’est ça le problème avec le système. »
-Shari Brotman
Shari Brotman et Laura Pacheco
Présentation du projet Les expériences d’exclusion et d’inclusion sociale chez les personnes vieillissant en situation de neurodiversité et leurs proches avec la chercheure principale, Shari Brotman (professeure agrégée à l’École de travail social de l’Université McGill et chercheure membre du CREGÉS), et sa cochercheure Laura Pacheco (professeure adjointe à l’École de travail social à Memorial University et professeure auxiliaire à l’École de travail social de l’Université McGill). (à 0:22:07)
« C’est ça le message que je veux qu’on garde : c’est que tous ensemble, on peut faire en sorte qu’une personne puisse bien vivre; et bien vivre dans la communauté, ce n’est pas nécessairement performer, c’est être là, avoir sa place, se sentir aimé, se sentir accepté, sentir que tu as ta place… »
-Hélène Carbonneau
Hélène Carbonneau
Présentation du projet Participation sociale des aînés faisant face à des dynamiques de marginalisation et d’exclusion, développement d’outils d’intervention pour soutenir leur inclusion en milieu communautaire de loisir : une recherche-action avec la chercheure principale Hélène Carbonneau (chercheure membre, CREGÉS et professeure titulaire, Études en loisir, culture et tourisme, Université du Québec à Trois-Rivières). (à 1:22:00)
« Quand on a des programmes politiques qui sont liés à la décentralisation, on a besoin de vraiment comprendre les inégalités entre les villes et même entre les quartiers. Comme ici à Montréal, dans le récent plan MADA, on voit qu’il y a des inégalités entre les arrondissements, mais on fait quoi exactement? Je pense que c’est très important de comprendre ça. »
-Meghan Joy
Patrik Marier et Meghan Joy
Présentation du projet Les actions gouvernementales au Québec : impacts sur des personnes aînées marginalisées ou vivant des dynamiques d’exclusion sociale avec le chercheur principal, Patrik Marier (directeur scientifique, CREGÉS et professeur titulaire, Département de science politique, Université Concordia), et sa cochercheure, Meghan Joy (chercheure membre, CREGÉS et professeure agrégée, Département de science politique, Université Concordia). (à 0:49:25)
« Si on veut comprendre l’expérience de personnes âgées immigrantes, il faut garder en tête qu’il peut y avoir beaucoup d’expériences différentes et, déjà, juste savoir que c’est 40 % des personnes âgées à Montréal qui sont immigrantes […] Il peut aujourd’hui y avoir toute une variété de statuts d’immigration : de très sécure, comme résident permanent ou citoyen, à un statut très précaire, comme être demandeur d’asile ou sans-papiers. »
-Jill Hanley
Jill Hanley et Julien Simard
Discussion avec Jill Hanley (professeure à l’École de travail social de l’Université McGill et directrice scientifique de SHERPA), et Julien Simard (chercheur postdoctoral au CRÉMIS), sur les personnes âgées immigrantes et à statut précaire et la navigation à travers les ressources gouvernementales dans le cadre du projet Les actions gouvernementales au Québec : impacts sur des personnes aînées marginalisées ou vivant des dynamiques d’exclusion sociale. (à 1:41:10)
« L’administration et les intervenants et intervenantes ont besoin de formations, parce que ce sont ces personnes-là qui vont assurer un changement durable à long terme avec des politiques, des règlements, de la formation, de bonnes pratiques d’échanges, de comment intervenir auprès d’une personne trans, lutter contre les préjugés… »
-Laurent Breault
Laurent Breault
Discussion avec Laurent Breault (directeur général de la Fondation Émergence) sur les personnes âgées LGBTQ+ dans le cadre du projet Les actions gouvernementales au Québec : impacts sur des personnes aînées marginalisées ou vivant des dynamiques d’exclusion sociale. (à 2:01:35)
Cliquez ici pour télécharger l’infographie mentionnée par Laurent Breault dans sa causerie.
« Qu’est-ce que ça donne quand on institutionnalise quelqu’un pour toute sa vie? Qu’est-ce que ça donne, quand on garde quelqu’un dans un endroit privé? On lui enlève toute son autonomie, en fait, et puis, qu’est-ce que ça donne quand ces personnes-là sont âgées et puis reviennent en communauté? »
-Michel Gagnon
Michel Gagnon
Discussion avec Michel Gagnon (Maison Cross Roads) sur les personnes âgées judiciarisées dans le cadre du projet Les actions gouvernementales au Québec : impacts sur des personnes aînées marginalisées ou vivant des dynamiques d’exclusion sociale. (à 2:20:17)
Performance : Neurodiversité ! Vieillir ensemble, agir ensemble
La Gang à Rambrou et Sans Oublier le Sourire s’allient afin de mettre en lumière les expériences de vie de 21 personnes âgées de 48 à 78 ans en situation de neurodiversité. Tirés d’entrevues réalisées dans le cadre du projet de recherche Les expériences d’exclusion et d’inclusion sociales chez les personnes vieillissant en situation de neurodiversité et leurs proches, leurs récits prennent corps en mots et en mouvement à travers des artistes eux-mêmes vieillissants en situation de neurodiversité. Tantôt poétique, tantôt poignante, la pièce nous amène à nous questionner sur le vieillissement, la résilience, les enjeux du système de santé et de services sociaux, l’habitation, la maltraitance et le rôle des organismes communautaires.
Artistes : membres de la Gang à Rambrou et Sans Oublier le Sourire
Chorégraphie et mise en scène : Jasmine Allan-Côté
Chorégraphe et artiste-médiatrice, Jasmine Allan-Côté partage son amour du mouvement auprès de danseurs et danseuses et de non-danseurs et non-danseuses de tout âge. Elle réalise de nombreux projets artistiques collaboratifs, dont plusieurs avec des personnes à besoins particuliers. Elle est membre de l’équipe d’artistes-médiateurs de La Gang à Rambrou depuis 2021.
Conférences
Les conférences de l’après-midi, animées par nos membres et partenaires, ont offert une occasion unique d’approfondir la compréhension des enjeux auxquels sont confrontées les personnes âgées marginalisées. À travers une variété de thématiques, allant de l’itinérance aux expériences des personnes LGBTQ+, en passant par la neurodiversité et la situation des personnes judiciarisées, chaque intervention a enrichi le dialogue et élargi les perspectives. Ces échanges ont permis aux participant.e.s de mieux cerner les réalités complexes et souvent invisibles de ces groupes, tout en favorisant un partage d’expertise et de sensibilisation essentiel pour bâtir une société plus inclusive.
Les personnes âgées judiciarisées : de la connaissance à la mise en œuvre de programmes et services résidentiels adaptés
- Michel Gagnon, T.S., membre du conseil d’administration, Maison Cross Roads
Résumé
À travers son parcours professionnel et ses expériences acquises au cours des 20 dernières années à la Maison Cross Roads, Michel Gagnon présente la tendance croissance des personnes âgées de 50 ans et plus judiciarisées au Canada et partage ses connaissances ainsi que les actions terrain mises en place afin de répondre aux besoins des personnes marginalisées âgées et judiciarisées.
« Un des enjeux qui était très difficile, c’était par rapport aux détenus âgés. Aucun d’entre nous n’avait de l’expertise et on ne savait pas trop quoi faire avec ces personnes. J’ai donc joint le Service correctionnel du Canada pour demander des fonds avec le Service Oxygène, un service de liaison pour personnes ainées judiciarisées. »
En s’appuyant sur des exemples vécus, Michel Gagnon évoque un sommaire des difficultés d’adaptation que peut vivre cette population à leur sortie (anxiété à l’idée de vivre en société, aliénation sociale et isolement social, hypervigilance, doute et méfiance interpersonnelle, diminution de l’estime de soi et du sentiment de valoir quelque chose, incapacité de prendre des décisions par elle-même, etc.), mais aussi les enjeux de coordination et de gouvernance.
En lien avec le projet : Les actions gouvernementales au Québec : impacts sur des personnes aînées marginalisées ou vivant des dynamiques d’exclusion sociale
Conséquences du mirage du système de santé et des services sociaux sur les personnes âgées en situation d’itinérance
- Diandra Serrano, étudiante à la maîtrise en thérapie conjugale et familiale etet assistante de recherche à l’Université McGill.
- Marianne Bordeleau, étudiante au doctorat en psychologie clinique à l’Université du Québec à Montréal et assistante de recherche à l’Université McGill.
Résumé
Marianne Bordeleau et Diandra Serrano présentent les résultats d’une étude qualitative visant à explorer l’impact du réseau de la santé et des services sociaux sur l’expérience des personnes âgées en situation d’itinérance (PASIs). Cette étude permet de mettre en lumière, à travers deux grands thèmes, les manières complexes et subtiles dont le système de soins de santé et des services sociaux influence la vie des personnes âgées en situation d’itinérance. L’objectif était de comprendre comment les personnes âgées en situation d’itinérance réfléchissent et font l’expérience de leurs besoins en matière de soins. Les résultats démontrent notamment que les PASIs décrivent le système de soins de santé et des services sociaux comme un processus d’oppression systémique, autant dans le milieu communautaire que public. Ces personnes en situation d’itinérance détaillent comment le système envers lequel ils se tournaient pour recevoir des soins les soumettait au désespoir et à la dévalorisation, en plus de les forcer à rester dans un état de survie. En s’appuyant sur des citations d’expériences vécues, les chercheures expliquent également comment le système de soins va couper les participants de leur capacité à s’imaginer un avenir.
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Politiques publiques et l’exclusion sociale des personnes âgées à risque de marginalisation
- Meghan Joy, chercheure membre du CREGÉS et professeure agrégée au Département de science politique, Université Concordia.
- Sandra Smele, coordonnatrice du domaine d’expertise Vieillissements inclusifs, diversité, santé et bien-être (IDSB), CREGÉS.
Résumé
Sandra Smele et Meghan Joy présentent une analyse des politiques publiques permettant de mieux comprendre comment elles soutiennent (ou pas) le vieillissement chez soi des personnes aînées marginalisées. Cette recherche part, entre autres, d’une préoccupation de la part de la province de mieux comprendre les réalités des personnes ainées à risque d’être marginalisées. Meghan Joy soutient l’importance de ces politiques en expliquant qu’elles s’appliquent à un groupe diversifié de personnes ainées, dans des territoires divers ayant des politiques municipales variées. Des résultats généraux concernant le traitement du vieillissement ont été soulevés avant d’introduire des constats plus en profondeur. De manière générale, le vieillissement est un défi et les politiques prônent le vieillissement actif. Les populations de personnes aînées marginalisées ne sont pas mentionnées du tout ou leurs besoins ne sont que vaguement pris en compte. En conclusion, les deux chercheures soulèvent des solutions aux politiques du vieillir chez soi et des municipalités amies des aînés (MADA). Inclure une coordination plus claire avec le secteur des OBNL et entre les partenariats et le gouvernement, ainsi qu’une meilleure coordination entre les divers paliers de gouvernements (municipal et provincial) afin de faciliter les actions ainsi que de continuer des recherches dans les politiques sur l’iniquité, en font partie.
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Le rapport des personnes aînées gaies et lesbiennes aux services et aux ressources formelles
- Julie Beauchamp, chercheure membre du CREGÉS et professeure adjointe au Département de psychiatrie et de neurosciences, Faculté de Médecine, Université Laval.
Résumé
Julie Beauchamp a présenté les résultats préliminaires issus du projet Les actions gouvernementales au Québec : impacts sur des personnes aînées marginalisées ou vivant des dynamiques d’exclusion sociale, introduit par Patrik Marier et Meghan Joy un peu plus tôt. Dans le cadre de ce projet, une recherche d’approche qualitative a été menée auprès de 18 participants lors de quatre groupes de discussion et de trois entretiens individuels afin de documenter les enjeux à l’accès aux services et aux ressources formelles pour les personnes ainées LGBT. Plusieurs enjeux soutenus par la littérature ainsi que les résultats préliminaires ont été soulevés afin d’apporter des pistes de solutions. L’importance de prendre en considération la famille choisie et de la reconnaître dans la trajectoire de soins en fait partie. L’importance de la formation des personnes-ressources sur les besoins et réalités des personnes ainées LGBT, entre autres dans les régions éloignées, ainsi que la visibilité des personnes ainées LGBT ont été mentionnées. Le croisement des milieux ainés et LGBTQ, c’est-à-dire le développement de collaborations et de partenariats et l’accessibilité des ressources pour éviter l’isolement, est à considérer. Parmi les pistes de solution se trouvent la disponibilité des lieux à travers différentes initiatives, et qu’il s’agisse de lieux mixtes pour un environnement plus accueillant, et avoir une approche intersectionnelle.
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